La Voiture Electrique, Reine des villes ou Fleur des champs !

Pas à pas, la voiture électrique prend place dans le parc automobile français. “Selon le dernier rapport mensuel du CCFA, ce sont 2861 voitures électriques qui ont été immatriculées en octobre, soit 1,65% total des ventes”. Le nombre des immatriculations des véhicules 100% électriques (VE) progresse lentement, mais sûrement. Bien sûr nous sommes très loin des norvégiens, champion européen de l’électromobilité avec 38,6% des ventes de voitures neuves en 100% électrique. L’objet de cet article n’est pas d’essayer de comprendre pourquoi la vague déferlante des voitures électriques ne s’est pas encore abattue sur la France, mais plutôt de se demander si la voiture électrique est un véhicule fait pour la ville ou la campagne. Car « en matière de véhicules électriques, on pense souvent d’abord à une solution de mobilité en milieu urbain, là où les distances sont suffisamment faibles pour ne pas avoir à trop se soucier de trouver une borne de recharge libre ». Pour tenter de répondre à cette question, je vais lister une à une les principales caractéristiques des voitures électriques et mettre en parallèle leurs avantages, leurs inconvénients à rouler en milieu urbain et rural.

 

Zéro émission de CO2 : voici comment les industriels de l’automobile nomment les voitures 100 % électriques. Ceci est vrai seulement en phase de fonctionnement ; pour aller plus loin sur ce sujet de la quantité de Gaz à Effet de Serre émise par un véhicule, je vous invite à lire mon précédent article sur « le calcul de la quantité de GES émise lors d’une course en VTC ou en Taxi ».

Ne pas émettre de gaz polluants comme le CO2, est un gros avantage dans les villes asphyxiées. Posséder la vignette ‘Crit’air verte’ est un précieux sésame pour qui veut circuler en auto les jours de pic de pollution dans les grandes métropoles françaises. De ce point de vue l’avantage est sans contexte pour la VE des villes. Si polluer est plus discret en milieu rural, il n’en demeure pas moins que tout GES émis, part dans l’atmosphère et contribue malheureusement tout autant au réchauffement climatique. La VE des champs est un véhicule aussi écologique que la VE des villes, donc rouler électrique est un avantage tant en ville qu’en campagne.

 

Pas de bruit : souvent on m’oppose le silence de ma VE à un risque accidentogène pour les piétons. Je ne pense pas être plus dangereux qu’un automobiliste lambda ; je fais très attention aux piétons qui traversent la chaussée et ne circule jamais sur les trottoirs, à la différence des trottinettes et vélos, électriques ou non. Dans les villes, la nuisance sonore est réelle et la circulation routière y à sa part. Selon ces articles trouvés sur le net « la circulation routière est la première source de nuisances sonore » et pour nos voisins suisses « le bruit nuit à la santé ». Rouler en n’émettant plus comme bruit que le frottement des roues sur le macadam, est moins nuisible que d’entendre passer près de soi un pot d’échappement percé ou un moteur mal réglé. Là encore l’avantage est considérable pour la VE en ville. En campagne, nous avons encore la chance d’entendre le coq entonner son cocorico matinal, la vache meugler, les oiseaux chanter. Ce concert champêtre est bien plus agréable au naturel sans le bruit de fond des automobiles. Certains néo-ruraux trouvent même nos petits villages trop bruyants et souhaiteraient que les cloches des églises ou des vaches de moyenne montagne ne tintent plus, que les grenouilles ne coassent plus, que les coqs ne chantent plus. A la campagne aussi le silence est d’or, sans aller jusqu’à l’excès. Là encore avantage plutôt à la VE des villes !

 

Autonomie entre 2 recharges : « la peur de la panne, qui a longtemps fait office de premier frein à l’achat d’une voiture électrique, tend également à s’estomper. La plupart des modèles disposent aujourd’hui d’une autonomie qui suffit, apparemment, à rassurer les acheteurs potentiels ». Le marché de la voiture électrique est récent. Je le date de 2012 avec la commercialisation de la Renault Zoé et de la Tesla modèle S. La voiture électrique existe depuis bien plus longtemps, avec un niveau de vente qui était très confidentiel. Si nous nous intéressons qu’aux véhicules grand public, l’autonomie entre 2 recharges est de 100 à 450 km. Pour les petites voitures (Peugeot Ion) ou les 1er versions de Zoé nous sommes sur des autonomies d’environ 100 à 150 km. Avec les nouvelles versions, Renault Zoé, Nissan Leaf ou Hyundai Kona, Kia Niro, nous disposons d’automobiles capables d’avaler 300 à 400 km en usage normal : surtout de la route (l’autoroute avec modération), climatisation et chauffage sans restrictions en usage normal.

En ville, avec une circulation à faible vitesse, des ralentissements fréquents (intersections, embouteillages), les VE, grâce à leur récupération d’énergie au freinage, voient leur autonomie augmentée. Plus vous freinez ou ralentissez, plus vous rechargez votre batterie : c’est merveilleux ! Les distances parcourues en ville sont courtes. À la fin d’une journée le compteur kilométrique ne s’est accru que de quelques dizaines de kilomètres. Autre avantage de la circulation en ville, la présence de bornes publiques de recharge en nombre. La densité de population attire les investissements, surtout les nouveaux marchés, à la différence des zones peu denses. Il est donc très difficile de faire le coup de la panne électrique en ville. La VE y trouve un terrain propice à son usage ! Un autre avantage non négligeable : le coût du stationnement est souvent gratuit pour les VE des grandes villes. Le site de la ville de Paris vous explique comment la voiture électrique « visiteur » peut stationner gratuitement pendant 6 heures sur le même emplacement en surface.

En campagne, on roule plus qu’on ne freine. Quoique, ça dépend de la topographie du terrain! Globalement, sur nos routes rurales, la pédale de frein ainsi que l’embrayage sont moins sollicités qu’en ville. En tout cas c’est mon expérience de rouleur de plus de 30 ans de permis. En campagne la consommation électrique du véhicule est supérieure à celle de nos amis électromobiliens citadins. Même en terrain vallonné, nous consommons plus d’énergie à monter que nous n’en récupérons à descendre. La distance entre son domicile et son lieu de travail ou les commerces ou les services est bien plus importante qu’en ville. En campagne, nous roulons beaucoup plus qu’en ville. Sans auto vous êtes vite isolés. Surtout que les solutions alternatives de transport sont rares ou non compatibles avec les infrastructures existantes. Alors VE à petite autonomie, ATTENTION ! En résumé un campagnard parcourt un kilométrage annuel bien plus important qu’un citadin. Comme je l’ai évoqué ci-dessus, la présence des bornes de recharge publiques est plus rare en campagne qu’en ville : sauf en Seine-et-Marne. De fait partir loin sans avoir préparé son parcours ou sans avoir rechargé son véhicule peut exposer à bien des mauvaises surprises en rase campagne.

Le bilan de l’autonomie entre 2 recharges, là encore, l’avantage va largement en faveur de la VE des villes. Surtout pour les petites VE et les 1er générations. Avec les nouvelles versions, cette contrainte tend peu à peu à s’estomper. Selon Joseph Beretta « La voiture électrique s’adapte bien aux zones rurales, avec des autonomies de 300 kilomètres pour la plupart des modèles ».

 

Effectuer une recharge : pour recharger une voiture électrique, on l’oublie bien trop souvent, mais une simple prise domestique (avec une phase terre) suffit. Il faudra prévoir beaucoup de temps, mais c’est possible. Selon ses besoins en quantité d’électricité à récupérer et du temps disponible de recharge, il ne sera pas toujours nécessaire de prévoir un investissement matériel onéreux chez soi pour recharger. Ce qui est indispensable, c’est de disposer d’un raccordement électrique proche de l’espace de stationnement de son véhicule. D’où une certaine difficulté à recharger au domicile en milieu urbain. Obtenir l’autorisation de la copropriété pour installer un point de rechargement vient complexifier le besoin de faire le plein d’électricité de son véhicule : « il faut passer par laccord de lassemblée générale des copropriétaires. Une situation qui, toutefois, tend à s’améliorer grâce au « droit à la prise », qui découle d’un décret… de juillet 2011 ». Cet inconvénient peut être contrebalancé par la disponibilité en nombre des bornes de recharges publiques comme déjà évoquée plus haut.

« Hors zone urbaine, l’installation de la borne se révèle plus simple pour les habitants d’un pavillon ou même d’une ferme ». Cette simple phrase suffit à expliquer pourquoi sur ce point, rouler électrique en campagne est plus aisé. Avantage à la VE des champs !

 

Coût du carburant : le prix de l’électricité rend le budget carburant pour les VE imbattables par rapport aux voitures thermiques.  On estime leur coût au 100 km à environ 2,5 €. Pour les voitures thermiques, je vous laisse faire le calcul en fonction du type de carburant utilisé et de votre consommation moyenne en cycle mixte. Comme en campagne nous roulons beaucoup, profiter d’un coût faible du carburant est un énorme avantage. En ville, surtout dans les grandes métropoles c’est aussi un argument fort quand on voit le prix au litre de l’essence dans les centre-villes. « On  amortit plus vite le coût d’achat d’une voiture électrique en milieu rural, parce qu’on y roule bien plus », explique-t-on du côté d’Avere France. L’association estime que l’on rentabilise l’achat d’une voiture électrique à partir de 10 000 kilomètres par an. L’actualité des gilets jaunes va dans ce sens aussi : le coût du carburant pour nos autos en campagne est un budget important. Le réduire est un gain fort en pouvoir d’achat. Là aussi, avantage à la VE des champs !

 

Conclusion, forcément un peu subjective, la voiture électrique s’adapte aussi bien aux parcours en ville qu’en campagne. Elle offre plus d’avantages que d’inconvénients. Avant toute acquisition, il faut bien cerner ses besoins en mobilité, afin de définir les caractéristiques du véhicule : recharge à domicile ou publique, déplacements réguliers ou toutes destinations. Jusqu’à présent la VE a surtout été vue comme un véhicule secondaire, complémentaire de la voiture principale du foyer. Les choses changent et même très vite (les 24 mois qui vont tout changer). Je n’en ai pas parlé jusqu’à présent, mais les grands gagnants de l’usage de la VE sont les habitants des zones périurbaines. Ils cumulent tous les avantages : gros rouleurs mais pas trop, disposant d’espace pour se recharger facilement au domicile, bénéficiant des infrastructures d’électromobilité des villes. Je termine mon inventaire par une note toute personnelle : je ne peux qu’inciter tout conducteur automobile à prendre le volant d’une VE ou de voyager comme passager. Son agrément de conduite est sans égal ; vous serez surpris par ce nouveau standard de confort. Je n’irai pas jusqu’à dire que l’essayer c’est l’adopter, mais c’est sûr rouler en mode électrique ne vous laissera pas indifférent. Après chacun ses besoins, chacun son avis sur le bilan écologique, je vous invite seulement à y penser et surtout à essayer. Que l’on soit citadin ou campagnard, la VE est une excellente solution à la libre mobilité individuelle que l’on attend de son automobile.